Retour sur le Web Summit 2022 : Les points négatifs
Les petites frustrations
Pas le temps de tout faire !
Autant faire dans le truisme, le Web Summit, c’est gros. Très gros. Trop gros pour une ou même quelques personnes. Ma todolist au départ de Lisbonne était longue comme le bras. Autant dire que quand on observe l’incroyable foule, le nombre incalculable de stands et de scènes de conférences, on sait que l’on peut s’asseoir sur sa todolist.
Non Dorian, tu ne pourras pas assister à tous les talks que tu as mis en favoris dans l’appli de l’événement, certains se chevauchent. Tu ne pourras pas non plus rencontrer tous ceux qui t’ont ajoutés en amis sur ladite appli.
Faudra-il se concentrer sur la crypto, le web3, le metaverse ou la Green Tech aujourd’hui ?
Le FOMO est une sensation qui vous parcourra en permanence dans les travées du salon. En assistant à certains talks, je me retrouvais frustré de ne pas avoir assisté à l’autre. Heureusement que Web Summit permet la retransmission en live des gros évents sur leur appli et que la quasi-totalité des autres talks deviennent consultables sur leur chaîne Youtube. Une solution bienvenue afin de se départir de cette frustration.
Le roulement des stands
Autre petite surprise, à laquelle je ne m’attendais pas. Les start-ups qui exposent leurs projets pratiquent un roulement des stands chaque jour, et si vous n’avez pas eu l’occasion de discuter avec eux lors de leur jour d’exposition, difficile après de les attraper les jours suivants au détours des couloirs bondés du salon. C’est maintenant ou jamais !
Quelle ne fut pas ma surprise de voir le stand d’une entreprise qui m’intéressait le premier jour dans le coin French Tech - et que j’ai impunément snobé par manque de temps - disparaître le lendemain !
Quand on manque de temps pour faire déjà le strict minimum prévu durant la journée, cette contrainte rend la prospection d’autant plus frustrante.
Une tech française pas assez représentée
Petite déception aussi au niveau du manque de représentativité de la tech française dans le salon. En comparaison du stand anglais des superbes stands allemands, portugais et brésiliens, le stand French Tech paraît bien petit et peu attrayant. Ce dernier aurait pu accueillir certaines startups comme l’on fait les allemands et les portugais dans de superbes enclaves avec de très beaux écrans (voir ci-dessous). Mais leurs “boots” étaient finalement éparpillées un peu partout dans le salon. Difficile donc là encore de prospecter facilement.
Ce manque global d’effectifs reflète le relatif déficit de notoriété de l'événement dans nos contrées, en comparaison des pays d’Amérique Latine, des Etats-Unis ou du Royaume-Uni. Ce ne sont pas pourtant les start-ups et les licornes qui manquent de par chez nous, ce qui rend leur faible présence d’autant plus étonnante. Effet lié à la conjoncture ou problème plus structurel ? A voir l’année prochaine.
Des talks de qualité inégale
Un petit bémol aussi du côté des talks. Certains furent très instructifs, tandis que d’autres le furent beaucoup moins. Soit l’intervenant peine à accrocher le public faute d’une suffisante présence sur scène, soit l’énoncé de la présentation était un chouia putassier et on se fait avoir avec un contenu bien en deçà de l’accroche alléchante, soit l’intervenant, les plus souvent représentant des GAFA ou des grosses boîtes de la Silicon Valley, nous fait un numéro de marchand de tapis éhonté en transformant des talks techniques en keynote promotionnels déguisés. Difficile par exemple d’avoir un point de vue objectif sur l’avenir de la blockchain, des NFTs, ou du web3 quand l’intervenant en question met toute sa fortune dans ces technologies. J’aurais souhaité un chouia plus de débats et d’échanges contradictoires que de simples interviews parfaitement calibrées et sans relances.
On a au final l’impression lors de ces talks d’être certes davantage au fait des dernières tendances, mais sans avoir le recul nécessaire pour séparer le vrai mouvement de fond de la simple hype passagère. Heureusement, le public ne m’a pas semblé si dupe de ce genre d’entourloupe, car les keynotes concernant Meta et leur Metaverse n’ont pas eu le succès escompté, symbole j’imagine du scepticisme ambiant - pour ne pas dire l’hostilité - face aux projets de l’entreprise de Mark Zuckerberg.
Conclusion
Malgré ces quelques reproches, cet événement fut loin d’être une déception, bien au contraire ! Au départ anxieux de relever pareil challenge à la fois personnel et professionnel, l’expérience fut tellement formatrice, riche en découvertes et exaltante que l’anxiété s’est vite transformée sur place en enthousiasme. On a beau rentrer épuisé en France, j’ai déjà envie, plus d’une semaine après la fin du salon, de revenir l’année prochaine avec plus de monde et plus de moyens.
J’insiste, si tu es sférien et que tu hésites à venir, n’hésite pas à me rejoindre l’année prochaine ! Lisbonne est une ville magnifique, et tu vas vivre une semaine de dingue qui va te remplir la tête pleine de souvenirs et d’inspiration au quotidien. Tu y élargiras tes horizons et sera davantage au fait des grandes innovations de demain, à même de guider, peut-être tes futurs choix de carrière. Et puis mince, faire du baby-foot à dix en plein Pink Street et manger d’authentiques Pastels de Nata au petit déjeuner, ça n’a pas de prix…
Bon, par contre, ne fais pas comme moi, ne prends pas le bus pour y aller, conseil d’ami.
C'était Dorian BELHAJ, développeur front-end chez SFEIR.